Les spagyristes nomment " soufre ", (par analogie avec le soufre de l'œuvre minérale) l'huile essentielle (par abréviation courante HE) extraite des plantes par distillation.
Si cette extraction est faite sans distillation (pression du zeste de citron par exemple), c'est le terme essence qui remplace celui d'huile. En fait, même le terme d'huile, consacré par la tradition, est impropre puisque il n'y a pas de corps gras dans une huile essentielle pure, elle n'est composée que de molécules aromatiques volatiles.
L'extraction peut être réalisée à partir de racines, d'écorce, de rameaux, de feuilles, de baies, mais surtout de fleurs, on utilise principalement des végétaux présentant des vertus médicinales. Les parties choisies dépendent de la plante, verte ou parfois sèche.
Ce procédé ancien est apporté en Occident par les Arabes entre le VIII° et le X° siècle. Mais le principe était déjà connu des Grecs et des Egyptiens dès le IV° ou le III° siècle avant Jésus Christ.
Nous parlerons de l'extraction à partir de la vapeur d'eau (l'hydrodistillation) et plus spécifiquement à la pression atmosphérique.
Cependant, il faut savoir que les producteurs de parfums ont à leur disposition d'autres procédés. En premier lieu, ils utilisent de la vapeur surchauffée (vapeur sèche) ou des solvants. Pour des fleurs délicates, l'enfleurage (tendant à disparaître en France en raison du coût de la main d'œuvre), consiste à déposer les fleurs au contact d'une graisse neutre ou
d'une huile pendant quelques jours. La pâte odorante récupérée ainsi (la concrète) est traitée à l'alcool. Cet alcool une fois évaporé laisse un résidu liquide (l'absolu) qui est le parfum.
Cet aparté très très succinct terminé, revenons aux moyens à la disposition des " alchimistes " (pour parler plus généralement). Le but est d'entraîner par de la vapeur d'eau l'huile essentielle que cette même vapeur libère en détruisant la structure des cellules végétales.
On peut mettre à tremper (dans l'eau) pendant quelques heures le végétal choisi, dans un ballon et porter à ébullition. On peut, ce qui semble préférable, injecter, (par un tube recourbé arrivant en dessous de la masse végétale), de la vapeur produite séparément par un générateur, (une simple cocotte-minute par exemple).
Bien que non miscible, le soufre végétal est entraîné par la vapeur.
Il reste à refroidir cette vapeur, c'est le rôle du réfrigérant. Les parfumeurs utilisent le classique serpentin dans une cuve d'eau maintenue froide. Pour notre faible production un réfrigérant en verre sera suffisant.
Un ballon (ou mieux un réacteur de col plus large) de capacité 1 à 6 litres convient très bien si l'on dispose du chauffe ballon correspondant. On peut également opter pour une cocotte-minute, (qui peut être chauffée plus simplement).
On peut choisir l'écoulement continu de la vapeur dans le cas où on en injecte en permanence de la nouvelle. Dans ce cas, on se retrouve avec une grande quantité de liquide et l'on doit disposer d'une grosse ampoule de décantation pour donner assez de temps à l'HE pour remonter en surface.
Si, par contre, les plantes sont enfermées avec une quantité donnée d'eau dans un ballon (ou une cocotte-minute), cette méthode exige de récupérer en permanence l'eau de condensation, (le condensât). On peut dans ce cas, séparer l'eau de l'HE à l'aide d'une ampoule de décantation moyenne, (il en existe un grand nombre de modèles, voir photo), qui remplacera le vase florentin employé dans le passé (voir principe et photo).
Cette eau doit être remise très souvent, par petites fractions, dans le récipient contenant les végétaux pour maintenir son niveau. L'inconvénient est de devoir ouvrir souvent la cocotte, à moins de la munir d'un système d'entonnoir
avec un sas entre deux robinets, pour rajouter l'eau en ne perdant que peu de vapeur.
|